Mes petites Zéatitudes 2

Pour compléter mes précédentes Petites Zéatitudesici – voici deux livres qui, tout pareil que pour les précédents, titillent mon plexus de façon agréable :

Parce que c’est délicieusement éblouissant d’érudition

Pourquoi lire ? de Charles Dantzig – Grasset 2010 (j’ai la version poche pour l’emmener partout 😊)

« Oui, on lit par protestation contre la vie. La vie est très mal faite. On y rencontre sans arrêt des gens inutiles. Elle est pleine de redites. Ses paysages sont interminables. Si elle se présentait chez un éditeur, la vie serait refusée. »

(extrait du chapitre « Lire le théâtre »– page 94)

 

Lorsqu’on lit, on tue le temps. Pas dans le sens « passer le temps », ça c’est quand on lit en bâillant pour vaguement occuper un après-midi à la campagne, non, mais quand on fait une lecture sérieuse, une lecture où on est absorbé par le livre. Elle donne l’impression que le temps n’existe plus. On a même, confusément, une sensation d’éternité. Voilà pourquoi les lecteurs sortant de leur livre ont un air de plongeur sous-marin, l’œil opaque et le souffle lent.

(extrait du chapitre « Lire pour changer le temps »– page 138)

 

Parce que c’est insolent, paradoxal et profond

Le Livre des Leurres d’Emil Cioran – Gallimard 1992 – Collection Arcades (traduit du roumain par Grazyna Klewek et Thomas Bazin)

« L’éternité nous apprend à être débordant pour ne pas désirer être une victime dans le temps et la proie du temps. Peut-on vivre sans le temps quand on est atteint d’éternité ? Malade des instants qui s’arrêtent, vers vous, ombres passagères, j’étends les bras, épuisez-moi dans votre danse, enlevez-moi le regret de l’immortalité, desséchez mes fautes dans votre chaos, dissipez les arômes purs de mon âme. Et que le temps me suce le sang, pour que l’éternité me possède entièrement.

(extrait page 132)

 

Nul n’a jamais vaincu l’obsession de la mort par la lucidité et la connaissance. Il n’y a aucun argument contre elle. N’a-t-elle pas l’éternité de son côté ? Seule la vie doit se défendre sans trêve ; la mort, elle, est née victorieuse. Et comment ne le serait-elle pas, puisqu’elle est fille du néant et de la terreur ?

(extrait page 176)

4 réflexions sur “Mes petites Zéatitudes 2

  1. Écrirature dit :

    Les zénitudes des zéatitudes. Cioran et Dantzig font bon ménage, le second a lieu le premier. Tous les deux prônent à proximité et ne se plaignent pas de cette promiscuité. Les oeuvres complètes de Cioran et « Les écrivains et leurs mondes » de Dantzig.

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